13 juillet 2021
Voici ce que j’écrivais en décembre 2017 à propos de la vaccination obligatoire, après avoir assisté à un échange fourni entre acteurs de santé publique et associations de patients, en recherche de solutions pour motiver la population à l’adoption des vaccins :
Organisé par Coopération Santé, en partenariat avec Toulouse Business School, ce colloque a réuni jeudi 14 décembre autour d’Alain Coulomb, des intervenants majeurs spécialistes du domaine de la santé en Occitanie, et des associations de patients, pour évoquer les réticences actuelles du citoyen français à la vaccination.
La France, pays inventeur de la vaccination
De nombreuses études montrent que la France, pays inventeur du vaccin, fait « dans le jeu de la comparaison internationale, pâle figure sur la question vaccinale » (Dominique Perrot) Nous vaccinons moins, nous sommes plus lents et plus en proie aux doutes que nos voisins européens. Se pose donc la question de savoir comment faire circuler et rendre crédible auprès du grand public l’information scientifique relative à la vaccination. Cela renvoie à notre article de Novembre sur la société Post-truth. (post-vérité)
La nouvelle génération puise de plus en plus son information dans les posts des réseaux sociaux. Aussi, faute d’investir ces réseaux avec suffisamment de force et de cohérence, la bataille de la communication risque d’être perdue. Aujourd’hui en France, les « antivax » se targuent d’être les personnes les mieux informées. La crédibilité a changé de camp, le monde scientifique apparaît de plus en plus au grand public comme un continent inaccessible et gangrené par les conflits d’intérêts. Il est plus facile de croire son ami sur Facebook que son professeur au CHU.
L’autre bataille à gagner est celle de la responsabilité. Nous assistons actuellement à une politique de responsabilisation du patient, qui encourage l’émergence de patients co-décideurs de leurs choix thérapeutiques, voire de patients experts. C’est un processus de transformation du patient où le consentement éclairé devient de plus en plus réel et possible, avec comme corollaire à la fois plus de droits et plus de devoirs. Dans ce contexte, prendre le pari de l’obligation vaccinale adoptée de façon brutale est paradoxal et forcément risqué. Néanmoins, il est possible que cela soit la solution provisoire de choix.
L’obligation vaccinale, une solution provisoire de choix pour susciter l’adhésion de la population ?
Se vacciner, un choix sous influence
En effet l’individu « patient » face à une prise de décision concernant sa santé et présentant un risque, même infime, est influencé par divers biais cognitifs et en particulier :
- l’effet d’ambiguïté qui l’entraîne à choisir l’option du risque le plus connu. (choisir de risquer une maladie connue, plutôt qu’une suite de vaccination mal définie)
- La disponibilité cascade, processus de renforcement d’une croyance qui devient de plus en plus collectivement partagée dès lors qu’elle apparaît plus fréquemment dans le discours ambiant. (effet de mode : plus on en parle et plus on a tendance à l’adopter)
- Le backfire ou retour de flamme, rejet pur et simple des argumentations logiques claires, scientifiques et sourcées quand elles entrent en conflit avec des croyances installées, qui s’en trouvent elles-mêmes confortées. (excès de confiance en soi : plus on me prouve que j’ai tort, plus cela renforce mon intime conviction)
- Biais de croyance, invention d’hypothèses propres à supprimer la dissonance cognitive, même au prix du refus de l’évidence de la réalité. (pour éviter le malaise intérieur qu’induit une intime conviction non cohérente, je suis capable d’aller chercher ou d’inventer des raisons même farfelues de prouver que j’ai raison)
- Refus de responsabilité, choix de l’attitude passive par défaut plutôt que de l’action qui peut comporter un risque, même si le risque de l’action est infime par rapport à celui de la passivité. (préférer la non-action : ne pas vacciner)
jocelyne TATTEVIN | 18 juillet 2021 à 17 h 09 min
C’est une très bonne analyse. J’adhère en ce qui me concerne.
Marie-Hélène HAYE | 20 juillet 2021 à 15 h 59 min
Merci !